9 Juillet 2017 au refuge des Vulcains
Quand le nom du trou est un code alphanumérique…
…ça veut dire qu’on est plus là pour rigoler. Quand ça s’appelle la Combe aux Moineaux ou l’Aven du Gougnon, c’est généralement un truc en zone vaguement civilisée, connu par les paysans du coin depuis des générations, et largement parcouru depuis, voire avec un carnet de réservation qui se compte en mois ou en années.
Mais quand le nom du trou est CP19 Bis, ça veut dire qu’on est en plein dans la “spéléologie d’exploration” (sisi, souvenez-vous de la spécialité que vous avez cochée sur le formulaire fédéral au moment de vous encarter…) probablement dans un coin déjà modérément accessible (altitude, éloignement géographique), avec beaucoup de trous, pas encore tous découverts, désobés ou complètement topographiés.
“Ce que vous voudrez. Du tourisme, des trucs qui peuvent vous être utiles…” C’est comme ça que j’avais répondu au nom de notre délégation de parigots en goguette à la question “Qu’est-ce que vous avez envie de faire ?” posée par Stéphane samedi matin. Nous voilà donc partis pour faire un truc utile : aider à changer les cordes en fixe du CP19b qui ont maintenant atteint un âge respectable, et à doubler les amarrages (dont on était plus avare à l’époque, première aidant). L’unique perfo étant en carafe, nous nous répartissons 4 trousses à spits (dont une marquée “Rias” !) et les 300 mètres de nouille pour paralléliser le travail et nous mettons en route pour la marche d’approche (fort belle, mais avec un bon petit dénivelé quand même).
Arrivés au bord du trou, la météo est idéale. Nous prenons le temps de pique-niquer avant de nous habiller. Le premier groupe équipé (Stéphane, moi-même et Arnaud, avec des couches de fringues en plus) part en tête à 14 h, suivi de Thibault, Anthony, David, Sven et Laurence. Le courant d’air à l’entrée est effectivement bien froid et les restes de la désob’ picotent. Atterrissage sur un petit tas de neige, petite désescalade, étroiture désobée et enchaînement de petits ressauts avant d’arriver au premier puits un peu sérieux (un P11) que nous passons sans le rééquiper (pour laisser du boulot à Thibault). Arrive ensuite ze méandre redouté. “Ça n’a pas l’air si boueux que ça !” me lance Stéphane d’un peu plus loin, mais nous comprenons peu après que le nom dudit méandre n’est pas usurpé, et je me dis que la remontée va être rude…
Le premier beau puits (équipé hors crue de façon improbable) suit. Stéphane renouvelle la corde puis je dénoue du mieux que je peux et tire l’ancienne. La jonction avec le puits suivant s’effectue par un passage en pente et caillouteux. Là-haut, David et Sven sont en train de ressortir avec Laurence, pendant qu’Arnaud, Thibault et Anthony arrivent avec le dernier kit de corde que je dois porter à Stéphane. J’ai eu le temps de faire le plein de flotte (à tous les sens du terme) quand Anthony et Arnaud arrivent. Je troque mon spit planté aux deux tiers contre le kit de corde et pars rejoindre Stéphane devant.
Nouveau méandre (plus facile cette fois), marmite, ramping sur une demi-douzaine de mètres, et une tête de puits un peu confort sur laquelle Arnaud, Thibault et moi pouvons nous stocker le temps qu’Anthony finisse de planter. Je descends en premier jouer l’inspecteur des travaux finis, puis on s’enchaîne le beau puits suivant. Petit palier avec une jolie arrivée d’eau sur lequel Arnaud nous prépare un café pendant que Stéphane continue d’équiper. Anthony a froid et commence d’être fatigué et je sens qu’il est également raisonnable de rentrer. Nous laissons de quoi finir de bricoler à Arnaud et Stéphane et remontons en embarquant les vieilles cordes.
Je comprends avec douleur ce que signifie d’avoir tous mes bloqueurs farcis de glaise : la remontée va être pénible… Courage, le plus dur (le méandre du haut) reste à venir. Lentement mais sûrement nous arrivons au pied de l’obstacle en question. Heureusement qu’Arnaud est là pour m’aider car les centimètres de progression me sont parfois bien coûteux. Ouf, le plus dur semble passé. Or c’est là qu’arrive une difficulté pas du tout anticipée : les têtes de puits en étroiture allègrement franchies à la descente se révèlent diaboliques à repasser dans le sens montant. Il me faut encore tout l’aide d’Arnaud pour arriver à m’en sortir, et les derniers mètres avant la sortie se font à deux à l’heure. Pas mécontent d’être finalement dehors, après 13 heures passées sous terre…
Les autres nous attendent à l’abri sous roche, où nous nous changeons pendant que l’orage finit de péter. Nous nous remettons en route pour le refuge, heureusement sans trop de pluie, qui aurait fini de rendre le chemin du retour casse-gueule. L’option de se préparer une plâtrée de pâtes au pesto avant d’aller au lit emporte l’unanimité. Nous finissons la BDST (qui du coup techniquement n’en est plus vraiment une) dehors avec les premières lueurs de l’aube, qui éclairent notre première expérience (pour paraphraser Stéphane (Carx)) d’une autre spéléo, et le bonheur d’avoir fait la rencontre de Laurence, Arnaud et Stéphane, avec leur gentillesse et leur patience sans borne.
CR rédigé par Guitou
Réseau de la combe aux Puires
Cavité : CP19 bis
Participants : Stéphane Lips, Arnaud et Laurence Malard, Guillaume Bernadat, Sven Decharte, David Angeli, Anthony Ruiz, Thibault Collet
Profondeur atteinte : -120m
TPST : 13 heures